Abbaye de Châtres : Histoire et Architecture
Abbaye de Châtres - Terres de Châtres - 16100 Saint-Brice
Abbaye romane datant de la 2ème moitié du XII ème siècle.
Site unique et mystérieux du fait de sa localisation dans un petit vallon à l'écart de toute habitation. Elle fut occupée pendant 4 siècles par une communauté de chanoines réguliers de l'ordre de Saint Augustin. A partir de 1568, lors de la 2ème guerre de religion la communauté se disperse, il n'y aura plus jamais de moines à Châtres. Est-ce pendant la guerre de 100 ans ou est-ce pendant la 2ème guerre de religion en 1567-68 toujours est-il que l'abbaye de châtres a subi alors de grandes dégradations, au niveau du cloitre et des bâtiments conventuels qui ont été détruits et au niveau du transept nord qui a été partiellement écroulé. Pendant la révolution en 1795 l'abbaye a été vendue à un particulier en tant que bien national puis transformée en faïencerie. La fianceriez cessera son activité en 1825. L'abbaye sera alors transformée en grange et abritera des fermiers qui logeront sur place. A la sortie de la guerre elle est fortement dégradée, la toiture est quasi inexistante. Châtres est classée monument historique le 24 août 1948. Commence alors sa restauration. Depuis son classement il y a eu 6 tranches de restauration avec la participation de la DRAC, le soutien du conseil départemental, l'appui de la Fondation du Patrimoine. L'abbaye a été sélectionnée en 2018 par la mission BERN et a ainsi reçu l'appui du loto du patrimoine.
Histoire de l’abbaye de Châtres
La destruction des archives de l’Abbaye durant les Guerres de Religion nous laisse dans l’impossibilité d’établir la date précise à laquelle l’Abbaye fut fondée. La Gallia Christiana, texte du 17ème siècle recensant toutes les églises de France, nous indique seulement qu’une abbaye fut créée à cet emplacement à l’époque où Arnaud Taillefer était comte d’Angoulême, soit entre 975 et 1001. Le bâtiment d’origine, en bois et modeste, a été remplacé au XII° siècle par le bâtiment actuel plus important et en pierres de taille. Il a té occupé dès le début du XII° siècle par une communauté des chanoines réguliers de Saint Augustin. A cette époque, un cloître s’élevait au sud de l’église abbatiale. Les bâtiments conventuels étaient accolés au transept sud avec la salle capitulaire, le chaufour, le réfectoire et le sellier. A l'étage il y avait le dortoir des moines. Les chanoines se réunissaient tous les jours dans la salle capitulaire où un chanoine faisait chaque jour lecture à haute voix d’un chapitre de la règle de l’ordre. Le prestige spirituel dont jouissait Châtres aux yeux des fidèles ne doit pas faire oublier son poids dans l’économie locale. Comme toutes les abbayes, elle était à la tête d’un vaste domaine agricole d’où elle tirait l’essentiel de ses ressources : des vignes, des champs de blé destinés à la consommation immédiate, mais aussi à la vente, et qui constituaient une source de revenus pour les chanoines. La Guerre de Cent Ans marque cependant la fin de cette période prospère. La région restera toutefois un enjeu du conflit entre les royaumes de France et d’Angleterre jusqu’à la fin des hostilités, en 1453. Au cours des années 1360 l’Abbaye de Châtres est saccagée, et son abside romane est détruite. La renaissance de Châtres s’avéra néanmoins difficile. La communauté des chanoines qui avait quitté Châtres dans les années 1360 se réinstalle à Châtres au début du XV° siècle. L’Abbaye retrouve son activité. Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, frère du poète Charles d’Orléans, fait reconstruire un chœur gothique. A partir de François 1er, Châtres devient abbaye royale : L’abbé n’y est plus élu par les chanoines réunis, mais nommé par le roi. On parle alors d’abbé commendataire. Le 16ème siècle voit la fin de l’unité religieuse au sein de l’Occident chrétien. La Charente, qui entretient d’importantes relations économiques et culturelles avec l’Angleterre et l’Europe du Nord, devient un des grands foyers de la Réforme en France. C’est ainsi que lorsqu’éclate la Première Guerre de Religion en 1562, la Charente est le théâtre de nombreux affrontements entre les deux camps. Dès le début du conflit, de nombreuses églises sont saccagées. C'est le cas de l'abbaye de Châtres L’abbay, les bâtiments conventuels ainsi que le bras nord du transept, sont détruits. En 1789, la Révolution éclate. Devant faire face à de grands besoins d’argent, l’Assemblée Constituante décrète le 2 novembre 1789 la confiscation des biens du clergé au profit de la Nation. En 1795 l’abbaye de Châtres est vendue à un particulier et devient ainsi propriété privée. Elle abrite alors une fabrique de porcelaine jusqu’en 1825 et est ensuite transformée en grange. Au début du XX° siècle Châtres est dans un état très dégradé. La toiture est quasiment détruite, du lierre pousse en abondance sur les flancs de l'abbaye. La réhabilitation commence le 19 mars 1948, lorsque l’Abbaye de Châtres est classée aux Monuments Historiques. Depuis lors il y a eu 5 tranches de restauration. Dont la charpente et toiture dans les années 1950, dont la verrière dans les années 1980, dont la façade occidentale en 2016, dont le transept sud en 2018 et enfin les vestiges du transept nord et de la chapelle de l’abbé en 2020.
Architecture de l’abbaye de Châtres
Comme la plupart des églises, l’abbatiale de Châtres est construite selon un plan en croix latine : l’allée centrale, la nef, aboutit au chœur. Les deux bras perpendiculaires forment le transept. L’église abbatiale est orientée du nord-ouest au sud-est, le chœur orienté vers Jérusalem conformément à l’usage. L’édifice est un exemple d’architecture romane, un style qui a connu une large diffusion dans les Charentes où de nombreuses églises romanes ont été construites dans la région entre le 11ème et 12ème siècle. L’église abbatiale de Châtres se signale par une façade principale monumentale et richement décorée, datant du dernier tiers du 12 ème siècle. Exceptionnellement haute, elle s’élève sur trois niveaux comportant un nombre croissant d’arcatures. Ces trois niveaux sont encadrés par deux contreforts en forme de colonne, et séparés par des corniches. Au premier niveau, entre deux arcatures aveugles, se trouve le portail, doté d’un arc polylobé. On passe ensuite à cinq, puis à neuf arcatures, au deuxième et au troisième niveau. Les chapiteaux des colonnettes du dernier niveau sont sculptés avec des motifs végétaux. On retrouve un décor végétal à base de fleurs d’acanthe sur les chapiteaux du premier niveau et sur la frise qui les surplombe. Deux colonnettes du second niveau ont, elles, le fût paré de délicats motifs géométriques en forme de perles et d’incrustations. En haut du contrefort gauche, on remarquera des visages humains qui semblent émerger du feuillage : un motif répandu dans les églises saintongeaises d’époque tardive. L’impression d’ensemble est ainsi celle d’un grand raffinement, et d’une grande attention portée aux décors. Le bras nord du transept a été détruit, tandis que celui orienté au sud a été partiellement préservé. Ce dernier est flanqué d’une absidiole sur le côté est. Le clocher, quant à lui, a été entièrement détruit lors des Guerres de Religion. Du cloître, il ne reste rien. L’intérieur de l’église est vaste (45 m) et contraste par sa sobriété avec la façade : l’effort des architectes semble avoir essentiellement porté sur la répartition harmonieuse des volumes. La nef s’allonge sur trois travées. A l’image de la cathédrale d’Angoulême, les moines ont fait couvrir la nef d’une file de coupoles à pendentif : trois se succèdent, suivies d’une quatrième, plus grande, à la croisée du transept. Cette dernière est ornée d’archivoltes en dents de scie et en pointes de diamant. Il s’agit d’une mode architecturale qui a fait son apparition dans le Périgord, et s’inspire probablement des édifices byzantins.
Les restaurations de l'abbaye de Châtres
Depuis le classement de l'abbaye en août 1948 il y a eu 6 tranches de restauration :
- la 1 ère restauration dans les années 1950 a concerné la charpente et la toiture qui étaient alors en très mauvais état
- la 2ème tranche de restauration a concerné le chevet et notamment la grande verrière en façade est qui ont été restauré dans un style néo-gothique. Dans les années 1980
- la 3ème tranche en 2013 : étaiement de la chapelle dite "chapelle de l'abbé" à l'est de l'abbatiale
- 4ème tranche en 2016 qui a concerné la façade principale (occidentale) dont nombreuses sculptures ont été restaurées, dont les corniches ont été protégées pour éviter les infiltrations d'eau. Avec en plus la pose d'un nouveau portail en chêne massif
- 5ème tranche en 2018 : restauration du transept sud et de l'absidiole qui menaçaient de s'écrouler à terme dans la mesure ou les bâtiments conventuels étaient acolés au transept et qu'après leur écroulement il y avait des poussées latérales potentiellement dangereuses. La porte des moines a été percée avec pose d'une porte en chêne massif
- 6ème tranche en 2020 : restauration du transept nord (consolidation) et de la chapelle de l'abbé et pose d'un toiture hydrofuge permettant que l'eau de pluie ne s'infiltre pas
- une 7ème tranche est prévue au printemps 2022 et concernera essentiellement les peintures murales du choeur de l'abbatiale
L'Association des amis de l'abbaye de Châtres
L'association a été fondée en juillet 2013. Ses statuts prévoient que le but de L'association est d'initier, soutenir et encourager par tous les moyens légaux, tous projets destinés à l'animation culturelle et cultuelle de l'abbaye de Châtres, dans un esprit de partage et d'échanges, afin de contribuer à son rayonnement et à sa sauvegarde. L'association compte actuellement plus de 100 membres.
L'association a beaucoup oeuvré ces dernières années sur 3 éléments essentiels :
1/ Les visites de l'abbaye qui s'échelonnent toute l'année mais surtout pendant la période légale d'ouverture à savoir 3 jours par semaine entre les 1er juillet et 30 septembre de chaque année.
Ce sont des membres bénévoles de l'association qui assurent les visites à tour de rôle. Ils parlent de l'abbaye avec leur coeur, en soulignant les beautés du monument et en évoquant aussi les "zones d"ombre" c'est à dire les nombreux mystères de Châtres
2/ Les événements culturels ou cultuels qui s'y déroulent. Concerts, conférences, messes, cérémonies diverses dont les journées du Patrimoine, 3ème week end de septembre, pendant lesquelles nous accueillons à Châtres de très nombreux visiteurs
3/ L'aménagement des abords. A noter par exemple qu'ont été plantés en 2022 le verger de l'abbaye avec 12 arbres fruitiers, le "jardin de l'esprit" qui comporte entre autres des cosmos, des Zinnias, des Anethums et se situe à l'emplacement même de l'ancien cloitre, le jardin des "plantes médicinales" avec de la sauge, de l'aneth, du nigelia damascèna, du matricaria
L'association est évidemment très impliquée dans l'ensemble des actions permettant à mieux faire connaître et apprécier l'abbaye de Châtres